1.
V.S.Naipaul:
Deux Mondes (conférence Nobel)
2. Notice
bio-bibliographique
V.
S. Naipaul: Deux mondes
Conférence
Nobel le 7 décembre 2001
Il
s'agit pour moi d'une situation inhabituelle. S'il m'arrive de donner des
lectures, je ne fais ni causeries ni discours. Je réponds toujours cela aux
gens qui me demandent une conférence. Et c'est la pure vérité. Il peut paraître
étrange qu'un homme qui depuis près de cinquante ans fait profession de
manier les mots, les émotions et les idées n'ait rien à proposer, en
quelque sorte. Mais tout ce que j'ai à dire de valable se trouve dans mes
livres. Ou alors n'est pas encore entièrement formé. J'en suis d'ailleurs à
peine conscient. Cela attend le prochain livre et, avec un peu de chance, me
viendra en écrivant – par surprise. C'est cet élément de surprise que je
cherche quand j'écris, et qui me permet – entreprise toujours délicate –
de juger mon travail.
Dans
Contre Sainte-Beuve, Proust parle avec une grande pénétration de la
différence entre l'écrivain et son être social. Sainte-Beuve croyait que
pour comprendre un auteur il fallait en savoir le plus possible sur l'homme
extérieur et sur les détails de sa vie. Éclairer l'œuvre par l'homme est
une démarche séduisante et qui peut paraître inattaquable. Proust la démolit
néanmoins de manière très convaincante. "Cette méthode", dit-il,
"méconnaît ce qu'une fréquentation un peu profonde avec nous-mêmes
nous apprend : qu'un livre est le produit d'un autre moi que celui que
nous manifestons dans nos habitudes, dans la société, dans nos vices. Ce
moi-là, si nous voulons essayer de le comprendre, c'est au fond de nous-mêmes,
en essayant de le recréer en nous, que nous pouvons y parvenir."
Nous
devrions avoir ces mots de Proust à l'esprit chaque fois que nous lisons la
biographie d'un écrivain, ou de quiconque dépend de ce qu'on peut appeler
l'inspiration. On aura beau nous exposer tous les détails de sa vie, ses
bizarreries et ses amitiés, le mystère de l'écriture subsistera. Aucune
quantité d'information, si passionnante soit-elle, ne saurait nous y
conduire. La biographie d'un écrivain – ou même l'autobiographie – présentera
toujours cette lacune.
Proust
est un maître de l'amplification heureuse, et j'aimerais revenir brièvement
à Contre Sainte-Beuve. "En réalité", poursuit-il, "ce
qu'on donne au public, c'est ce qu'on a écrit seul, pour soi-même, c'est
bien l'œuvre de soi. Ce qu'on donne à l'intimité, c'est-à-dire à la
conversation [...] et ces productions destinées à l'intimité, c'est-à-dire
rapetissées au goût de quelques personnes et qui ne sont guère que de la
conversation écrite, c'est l'œuvre d'un soi bien plus extérieur, non pas du
moi profond qu'on ne retrouve qu'en faisant abstraction des autres et du moi
qui connaît les autres [...]."
Lorsqu'il
écrivait ces mots, Proust n'avait pas encore trouvé le sujet qui allait le
conduire au bonheur de son grand travail littéraire. Et vous pouvez conclure
de ce que je viens de citer que c'était un homme qui se fiait à son
intuition et guettait sa chance. J'ai déjà cité ces phrases en d'autres
circonstances. Parce qu'elles définissent la manière dont je procède. Je
m'en remets à l'intuition. Je le faisais au début. Je le fais encore
aujourd'hui. Je ne sais absolument pas comment les choses vont tourner, où l'écriture
va me mener ensuite. Je m'abandonne à l'intuition pour trouver mes sujets et
j'écris intuitivement. Sans doute ai-je une idée, une forme, en commençant,
mais il me faudra attendre des années avant de comprendre pleinement ce que
j'ai écrit.
J'ai
dit tout à l'heure que tout ce qu'il y a de valable en moi est dans mes
livres. Je vais aller plus loin : je suis la somme de mes livres. Chacun
d'eux, intuitivement senti et, dans le cas de la fiction, intuitivement élaboré,
couronne les précédents et en procède. Il me semble qu'à n'importe quelle
étape de ma carrière littéraire on aurait pu dire que le dernier ouvrage
contenait tous les autres.
Cela
s'explique par les circonstances, à la fois extrêmement simples et extrêmement
compliquées, dans lesquelles j'ai grandi. Je suis né à Trinidad, petite île
à l'embouchure de l'Orénoque, le grand fleuve vénézuélien. Trinidad
n'appartient donc, à proprement parler, ni à l'Amérique du Sud ni aux
Antilles. Cette colonie de plantation du Nouveau Monde comptait en 1932, année
de ma naissance, quelque 400 000 habitants, dont environ 150 000 Indiens,
hindous et musulmans, presque tous de souche paysanne et, dans leur immense
majorité, originaires de la plaine du Gange.
Telle
était ma minuscule communauté natale. L'essentiel de son immigration s'était
déroulée après 1880. Aux conditions suivantes : les gens s'engageaient à
travailler cinq ans dans les plantations et à la fin de cette période ils
recevaient un lopin de terre, peut-être deux hectares, ou un billet de retour
pour l'Inde. En 1917, à la suite de l'agitation de Gandhi et d'autres, ce
système de contrat fut aboli. Et peut-être à cause de cela, ou pour
d'autres raisons, nombre des derniers arrivés n'obtinrent pas les terres ou
le rapatriement promis. Ces gens étaient totalement démunis. Ils dormaient
dans les rues de Port of Spain, la capitale. Je les y ai vus, enfant.
J'imagine qu'alors je ne les savais pas dans la misère – j'ai dû le
comprendre beaucoup plus tard –, et ils ne m'ont pas laissé une impression
particulière. Cela faisait partie de la cruauté de la colonie de plantation.
Je
suis né à Chaguanas, une bourgade de l'intérieur, à quatre ou cinq kilomètres
du golfe de Paria. Chaguanas était un nom étrange, par l'orthographe et la
prononciation, et beaucoup d'Indiens – ils étaient majoritaires dans la région
– préféraient lui donner le nom de caste indienne de Chauhan.
J'avais
trente-quatre ans lorsque j'ai découvert d'où venait le nom du lieu de ma
naissance. J'habitais à Londres et cela faisait seize ans que je vivais en
Angleterre. J'étais en train d'écrire mon neuvième livre, une histoire de
Trinidad qui s'efforçait de faire revivre les gens et leurs histoires.
J'allais souvent au British Museum lire les documents espagnols sur la région.
Ces documents avaient été recopiés dans les archives espagnoles pour le
gouvernement britannique dans les années 1890, au moment d'une acerbe
querelle frontalière avec le Venezuela. Ils commencent en 1530 et s'achèvent
avec la disparition de l'Empire espagnol.
J'enquêtais
sur l'absurde recherche de l'Eldorado et sur l'intrusion meurtrière du héros
anglais, Sir Walter Raleigh. En 1595, il assaillit Trinidad, massacra tous les
Espagnols qu'il attrapa et remonta l'Orénoque en quête de l'Eldorado. Il ne
trouva rien, mais prétendit le contraire en regagnant l'Angleterre. Il avait
à montrer une pépite d'or, extraite, assurait-il, d'une falaise sur les
berges de l'Orénoque, et un peu de sable. La Monnaie royale dit que le sable
qu'il lui demandait d'analyser ne valait rien, et d'autres insinuèrent qu'il
avait acheté l'or auparavant en Afrique du Nord. Raleigh écrivit alors un
livre pour prouver ses dires, et depuis quatre siècle on croit qu'il avait
trouvé quelque chose. La magie du livre de Raleigh, d'une lecture vraiment
ardue, repose dans son très long titre : La Découverte du grand, riche et
bel Empire de Guyane, avec une relation de la grande cité dorée de Manoa
(que les Espagnols appellent El Dorado) et des provinces d'Emeria, d'Aromaia,
d'Amapaia et d'autres contrées, ainsi que des rivières avoisinantes. Que
cela semble réel ! Alors qu'il s'était à peine aventuré sur le cours
principal de l'Orénoque.
Puis,
comme il arrive parfois aux escrocs, Raleigh fut rattrapé par sa propre
affabulation. Vingt et un ans plus tard, vieux et malade, on le sortit de sa
prison londonienne pour qu'il allât chercher en Guyane les mines d'or qu'il
disait avoir découvertes. Son fils trouva la mort dans cette aventure
frauduleuse. Le père, pour sauver sa réputation, pour ne pas désavouer ses
mensonges, avait envoyé son fils à la mort. Ensuite, plein de chagrin, sans
plus aucune raison de vivre, Raleigh retourna à Londres se faire exécuter.
L'histoire
aurait pu s'arrêter là. Mais les Espagnols avaient la mémoire longue –
sans doute parce que leur correspondance impériale était si lente : il
fallait parfois deux ans pour qu'une lettre de Trinidad soit lue en Espagne.
Huit ans après, les Espagnols de Trinidad et de Guyane réglaient encore
leurs comptes avec les Indiens du Golfe. En témoigne cette lettre du roi
d'Espagne au gouverneur de Trinidad, datée du 12 octobre 1625, que j'ai lue
au British Museum : "Je vous ai demandé", écrivait le roi,
"de m'éclairer sur certaine nation d'Indiens appelés Chaguanes, dont le
nombre, disiez-vous, dépasse le millier, et qui sont en si mauvaises
dispositions que c'étaient eux qui conduisaient les Anglais lorsque ceux-ci
s'emparèrent de la ville. Leur crime n'a pas été puni parce qu'il n'y avait
pas de forces disponibles à cet effet et parce que les Indiens ne connaissent
d'autre maître que leur propre volonté. Vous avez décidé de les châtier.
Suivez les règles que je vous ai tracées et faites-moi connaître le résultat
de vos démarches."
Ce
que fit le gouverneur, je l'ignore. Je n'ai pu trouver d'autre référence aux
Chaguanes dans les dossiers du musée. Peut-être existait-il dans la montagne
de papier conservée aux Archives de Séville d'autres documents sur les
Chaguanes, que les doctes envoyés du gouvernement britannique laissèrent échapper
ou ne jugèrent pas dignes de transcrire. Ce qui est certain, en tout cas,
c'est que la petite tribu de plus d'un millier d'Indiens – qui devait vivre
sur les deux rives du golfe de Paria – disparut si totalement que nul dans
la ville de Chaguanas ou de Chauhan ne savait quoi que ce fût à son propos.
Et je me suis dit, ce jour-là au British Museum, que j'étais la première
personne depuis 1625 pour qui cette lettre du roi d'Espagne signifiait réellement
quelque chose. Et celle-ci n'avait été exhumée des archives qu'en 1896 ou
1897. Une disparition, puis des siècles de silence.
Nous
vivions sur les terres des Chaguanes. Tous les jours de l'année scolaire –
je commençais tout juste à fréquenter l'école –, je quittais la maison
de ma grand-mère et longeais les deux ou trois magasins de la Grand-rue, la
buvette chinoise, le théâtre du Jubilé et la petite usine portugaise aux
puissantes odeurs qui fabriquait du savon bleu et jaune à bon marché,
longues barres mises le matin dehors à sécher et à durcir dès le matin.
Chaque jour je passais devant ces choses qui me paraissaient éternelles pour
me rendre à l'école publique de Chaguanas. Par delà l'école, des
plantations de canne à sucre s'étendaient jusqu'au golfe de Paria. Les
Indiens dépossédés avaient leur propre genre d'agriculture, leur
calendrier, leurs codes et leurs lieux sacrés. Ils comprenaient intimement
les courants que trace l'Orénoque dans le golfe de Paria. Or toutes leurs
connaissances et tout ce qui les concernait avait été anéanti.
Le
monde est toujours en mouvement. Partout, à un moment ou à un autre, des
gens sont spoliés. J'ai été bouleversé en 1967 par cette découverte à
propos de ma ville natale parce que j'en ignorais tout. Mais c'était ainsi
que la plupart d'entre nous vivions dans la colonie agricole : aveuglément.
Non que les autorités aient médité de nous maintenir dans nos ténèbres.
Je crois tout simplement que les connaissances mêmes étaient absentes. Ce
genre d'information sur les Chaguanes n'aurait pas été jugé important et
n'aurait pas été facile à exhumer. Ils formaient une petite tribu, et c'étaient
des aborigènes. Nous avions entendu parler de leurs semblables sur le
continent, dans ce qu'on appelait B.G., British Guiana, la Guyane britannique,
et ils faisaient l'objet de plaisanteries. À Trinidad, et je crois dans
toutes les communautés, on qualifiait de warrahoons les mauvais sujets
tapageurs. Je croyais que c'était un mot forgé exprès, pour suggérer la
sauvagerie. C'est seulement quand j'ai commencé à voyager au Venezuela, la
quarantaine venue, que j'ai découvert que c'était le nom d'une tribu
autochtone assez importante de l'endroit.
Quand
j'étais enfant, il y avait une vague histoire – et c'est une histoire qui
me bouleverse terriblement aujourd'hui – d'indigènes qui venaient parfois
du continent en canot à certains moments, s'enfonçaient dans la forêt du
sud de l'île et, à un endroit donné, cueillaient un fruit particulier ou
faisaient une sorte d'offrande, puis retraversaient le golfe de Paria pour
regagner l'estuaire détrempé de l'Orénoque. Ce rite devait avoir une énorme
importance pour avoir survécu aux bouleversements de quatre siècles et à
l'extinction des indigènes à Trinidad. Ou peut-être – bien que Trinidad
et le Venezuela aient une flore commune – venaient-ils seulement cueillir un
fruit particulier. Je ne sais pas. Personne ne s'en souciait, pour autant que
je me le rappelle. Et maintenant le souvenir est entièrement perdu ; et ce
lieu sacré, s'il existait, est désormais un terrain vague.
Le
passé était passé. Je suppose que c'était l'attitude générale. Et nous
autres Indiens, immigrés de l'Inde, nous avions cette attitude envers l'île.
Nous menions pour l'essentiel des vies ritualisées et n'étions pas encore
capables de l'auto-évaluation nécessaire pour commencer à apprendre. La
moitié d'entre nous sur cette terre des Chaguanes prétendait – ou peut-être
ne prétendait pas, mais sentait, sans jamais en formuler l'idée – que nous
avions apporté une sorte d'Inde avec nous, que nous pouvions, pour ainsi
dire, dérouler comme un tapis sur la plaine.
La
maison de ma grand-mère à Chaguanes se divisait en deux parties. Celle de
devant, en brique et en plâtre, était peinte en blanc. C'était une sorte de
maison indienne, avec une grande terrasse à balustrade au premier et une
salle de prière à l'étage au-dessus. La décoration se voulait ambitieuse :
colonnes aux chapiteaux en fleur de lotus et sculptures de divinités
indiennes, toutes réalisées par des gens pour qui l'Inde n'était plus qu'un
souvenir. À Trinidad, c'était une bizarrerie architecturale. À l'arrière
de cette demeure, et reliée à celle-ci par une galerie supérieure, s'élevait
une construction en bois de style français des Antilles. L'entrée était sur
le côté, entre les deux maisons. Son haut portail de tôle ondulée aux
montants de bois signifiait une intimité farouche.
Enfant,
j'avais donc ce sentiment de deux mondes, le monde à l'extérieur du haut
portail de tôle ondulée, et le monde de chez moi – ou du moins de chez ma
grand-mère. C'était un reste de notre sentiment de caste, la chose qui
excluait et isolait. À Trinidad, où, nouveaux arrivants, nous formions une
communauté désavantagée, cette idée d'exclusion était une sorte de
protection, qui nous permettait – pour un moment seulement - de vivre à
notre manière et selon nos propres règles, de vivre dans notre propre Inde
en train de s'effacer. D'où un extraordinaire égocentrisme. Nous regardions
vers l'intérieur ; nous accomplissions nos journées ; le monde extérieur
existait dans une sorte d'obscurité ; nous ne nous interrogions sur rien.
Il
y avait une échoppe musulmane juste à côté. La petite loggia de la
boutique de ma grand-mère butait contre son mur aveugle. L'homme s'appelait
Mian. C'était tout ce que je savais de lui et de sa famille. J'imagine que
nous devions le voir, mais il ne me reste de lui aucune image mentale. Nous ne
savions rien des musulmans. Cette idée de l'étranger, de ce qu'il faut
contenir à l'extérieur, s'étendait même aux autres hindous. Par exemple,
nous mangions du riz au milieu de la journée et du blé le soir. Or il
existait des gens très bizarres qui inversaient cet ordre naturel et
mangeaient du riz le soir. Pour moi ces gens étaient des étrangers – il
faut m'imaginer, gamin de moins de sept ans, parce que j'avais sept ans
lorsque cette vie dans la maison de ma grand-mère à Chaguanas prit fin pour
moi. Nous avons déménagé dans la capitale, puis dans les collines au
nord-ouest.
Mais
les habitudes mentales engendrées par cette existence de confinement et
d'exclusion ont longtemps persisté. Sans les nouvelles qu'écrivait mon père,
je n'aurais pratiquement rien su de la vie générale de notre communauté
indienne. Ces histoires m'ont donné plus que des connaissances, une sorte de
solidité : un point d'appui dans le monde. Je ne peux imaginer ce que mon
univers mental aurait été sans ces nouvelles.
Le
monde extérieur existait dans une sorte d'obscurité ; et nous ne nous
interrogions sur rien. J'étais juste assez grand pour connaître un peu les
épopées indiennes, le Ramayana en particulier. Les enfants arrivés quelque
cinq ans après nous dans notre famille élargie n'ont pas eu cette chance.
Personne ne nous enseignait l'hindi. Parfois quelqu'un écrivait l'alphabet
pour que nous l'apprenions, et c'était tout ; nous étions censés faire le
reste tout seuls. Aussi, à mesure que s'infiltrait l'anglais, nous avons
commencé à perdre notre langue. La maison de ma grand-mère était pleine de
religion ; il y avait toute sorte de cérémonies et de lectures, certaines se
prolongeant des jours entiers. Mais personne n'expliquait ou ne traduisait
pour nous, qui ne pouvions plus suivre la langue. Notre foi ancestrale s'est
donc dissoute, est devenue mystérieuse, sans écho dans notre vie
quotidienne.
Nous
ne cherchions pas à nous renseigner sur l'Inde ou sur les familles que les
gens avaient laissées là-bas. Quand notre manière de penser eut changé et
que nous avons voulu le savoir, il était trop tard. Je ne sais rien de ma
branche paternelle ; je sais seulement que quelques-uns venaient du Népal. Il
y a deux ans, un aimable Népalais, à qui mon nom plaisait, m'a envoyé
quelques pages recopiées dans un répertoire géographique anglais de 1872
sur l'Inde, Castes et tribus hindoues à Bénarès. On y trouvait,
parmi une multitude d'autres noms, une liste de Népalais résidant dans la
ville sainte de Bénarès qui portaient le nom de Naipal. C'est tout ce que
j'ai.
Loin
de ce côté de chez ma grand-mère, où nous mangions du riz au milieu de la
journée et du blé le soir, s'étendait le vaste inconnu – dans cette île
de seulement 400 000 habitants. Il y avait les Africains et les métis
d'Africains, qui formaient la majorité. Ils étaient policiers, maîtres d'école.
Telle ma première institutrice à l'école publique de Chaguanas ; je me suis
souvenu d'elle avec adoration des années durant. Il y avait la capitale, où
très bientôt nous allions tous devoir aller pour faire nos études et
trouver du travail, et où nous nous installerions définitivement, parmi des
étrangers. Il y avait les Blancs, pas tous anglais ; et les Portugais, et les
Chinois, immigrés autrefois comme nous. Et, les plus mystérieux de tous,
ceux que nous appelions les 'pagnols, gens mélangés au teint chaud et
brun venus du temps de l'Espagne, avant que l'île fût détachée du
Venezuela et de l'Empire espagnol – un genre d'histoire qui dépassait
totalement ma compréhension d'enfant.
Pour
vous donner cette idée de mes racines, j'ai dû faire appel à un savoir et
à des idées qui me sont venus bien après, et d'abord de l'écriture.
Enfant, je ne savais presque rien, rien au-delà de ce que j'avais appris chez
ma grand-mère. Tous les enfants, j’imagine, viennent au monde comme ça,
sans savoir qui ils sont. Mais le petit Français, par exemple, ce savoir
l'attend. Il est tout autour de lui. Il lui vient indirectement de la
conversation des adultes. Il se trouve dans les journaux et à la radio. Et à
l'école, les travaux de générations de savants, simplifiés pour les
manuels scolaires, vont lui donner une certaine idée de la France et des Français.
À
Trinidad, si brillant sujet que je fusse, j'étais environné de zones
d'obscurité. L'école n'élucidait rien pour moi. J'étais gavé de faits et
de formules. Tout devait être appris par cœur ; tout était abstrait pour
moi. Là encore, je ne crois pas qu'il y avait un plan ou un complot pour
rendre nos cours semblables. Ce que nous recevions, c'était le savoir
scolaire standard. Dans un autre cadre, il aurait eu un sens. Et du moins une
partie de l'échec m'eût été imputable. Avec mon expérience sociale limitée,
il m'était difficile d'entrer par l'imagination dans d'autres sociétés,
proches ou lointaines. J'adorais l'idée des livres, mais j'avais du mal à
les lire. J'étais le plus à l'aise avec des choses comme Andersen et Ésope,
hors du temps, hors de l'espace, sans exclusive. Et quand enfin en terminale
j'ai fini par aimer certains de nos textes littéraires – Molière, Cyrano
de Bergerac –, j'imagine que c'est parce qu'ils avaient quelque chose du
conte de fée.
Quand
je suis devenu écrivain, ces zones de ténèbres qui m'environnaient enfant
sont devenus mes sujets. Le pays, les aborigènes, le Nouveau Monde, la
colonie, l'histoire, l'Inde, le monde musulman – auquel je me sentais aussi
lié –, l'Afrique, puis l'Angleterre, où j'écrivais mes livres. C'est ce
que j'avais à l'esprit en disant que mes livres se dressent l'un sur l'autre
et que je suis la somme de mes livres. Et en disant que mes origines, source
et aiguillon de mon œuvre, étaient à la fois extrêmement simples et extrêmement
compliquées. Vous avez vu à quel point tout était simple dans la petite
ville de Chaguanas. Et je crois que vous comprendrez combien ce fut compliqué
pour l'écrivain. Surtout au début, quand les modèles littéraires dont je
disposais – les modèles donnés par ce que je ne peux qu'appeler mon faux
savoir – traitaient de sociétés entièrement différentes. Peut-être
aurez-vous néanmoins l'impression que le matériau était si riche qu'il n'y
avait aucune difficulté à commencer et à continuer. Mais ce que j'ai dit de
mes origines vient du savoir que j'ai acquis en écrivant. Et vous devez me
croire quand je dis que la structure de mon œuvre ne m'apparaît clairement
que depuis deux ou trois mois. On m'a lu des passages de mes premiers livres
et j'ai vu les connexions. Jusqu'alors, le plus difficile pour moi était de décrire
mon travail aux gens, d'expliquer ce que j'avais fait.
J'ai
dit que j'étais un écrivain d'intuition. C'était le cas, et il en va encore
ainsi aujourd'hui que je suis si près de la fin. Je n'ai jamais eu de plan.
Je n'ai suivi aucun système. J'ai travaillé intuitivement. Mon but à chaque
fois était de faire un livre, de créer quelque chose de facile et d'intéressant
à lire. À chaque étape, il me fallait travailler dans les limites de mes
connaissances, de ma sensibilité, de mon talent et de ma vision du monde.
Tout cela s'est développé livre après livre. Et il me fallait écrire ces
livres, parce qu'il n'en existait aucun sur ces sujets qui me donnât ce que
je voulais. Je devais défricher mon univers, l'élucider, pour moi-même.
J'ai
dû aller consulter les documents au British Museum et ailleurs, pour trouver
la sensation juste de l'histoire de la colonie. Il m'a fallu aller en Inde,
parce qu'il n'y avait personne pour me dire à quoi ressemblait l'Inde dont
mes grands-parents étaient venus. Il y avait certes les textes de Nehru et de
Gandhi ; et curieusement, ce fut Gandhi, et son expérience sud-africaine, qui
m'a apporté le plus, mais pas suffisamment. Il y avait Kipling ; et des
auteurs anglo-indiens comme John Masters (très en vogue dans les années
1950, et qui annonçait, projet abandonné par la suite, je le crains, une
fresque en trente-cinq romans sur l'Inde britannique) ; il y avait les romancières.
Les rares auteurs indiens qui avaient percé à l'époque étaient des gens
des classes moyennes, des citadins ; ils ne connaissaient pas l'Inde dont nous
venions.
Et
quand ce besoin indien fut satisfait, d'autres devinrent apparents :
l'Afrique, l'Amérique du Sud, le monde musulman. Le but a toujours été d'étoffer
mon image du monde, et la raison en vient de mon enfance : me rendre plus à
l'aise avec moi-même. On me demande parfois d'aller en Allemagne, par
exemple, ou en Chine, pour écrire un livre. Mais il y a beaucoup de bons
livres sur ces endroits ; je suis tout à fait disposé à m'en remettre à la
littérature existante. D'ailleurs, ce sont des sujets pour d'autres gens. Ce
ne sont pas les zones de ténèbres que je sentais autour de moi, enfant. Par
conséquent, de même qu'il y a un développement dans mon œuvre, un développement
de la technique narrative, du savoir et de la sensibilité, il existe également
une sorte d'unité, un point de mire, même si je peux donner l'impression
d'aller dans de multiples directions.
Quand
j'ai commencé, je ne savais pas du tout où j'allais. Je voulais seulement
faire un livre. J'essayais d'écrire en Angleterre, où j'étais resté après
mes années d'université, et j'avais l'impression que mon expérience était
très mince, n'était pas vraiment de l'étoffe des livres. Dans aucun livre
je ne pouvais trouver quoi que ce fût qui approchât ce que j'avais connu
enfant. Le jeune Français ou le jeune Anglais qui avait envie d'écrire
aurait trouvé d'innombrables modèles pour le mettre sur la voie. Je n'en
avais aucun. Les histoires de mon père sur notre communauté indienne
appartenaient au passé. Mon univers était très différent. Plus urbain,
plus mélangé. Les détails physiques de l'existence chaotique de notre
famille élargie – chambres à coucher ou emplacements pour dormir, heures
des repas, le nombre même des gens – semblaient impossibles à manier. Il y
avait trop de choses à expliquer, à la fois sur ma vie familiale et sur le
monde extérieur. Et en même temps il y avait aussi trop de choses sur nous
– comme nos propres ancêtres et notre propre histoire – que j'ignorais.
Enfin
j'eus un jour l'idée de commencer par la rue de Port of Spain où nous avions
emménagé après Chaguanas. Pas de grand portail en tôle ondulée pour
exclure le monde. La vie de la rue m'était ouverte. C'était pour moi un
plaisir intense que de l'observer depuis la véranda. C'est cette vie de la
rue que j'ai commencé à raconter. Je voulais écrire vite, pour éviter trop
d'introspection, et j'ai donc simplifié. J'ai supprimé l'histoire
personnelle du jeune narrateur, j'ai ignoré les complexités raciales et
sociales de la rue. Je n'ai rien expliqué. Je suis resté au ras du sol, pour
ainsi dire. Je ne présentais les gens que tels qu'il apparaissaient dans la
rue. J'écrivais une nouvelle par jour. Les cinq premières étaient très
courtes, et je commençais à me demander si j’aurais suffisamment de matière.
Puis la magie de l'écriture a opéré. Les matériaux ont commencé à
affluer de tous côtés. Les histoires sont devenues plus longues ; impossible
de les écrire en une seule journée. Enfin l'inspiration, qui un moment avait
paru très facile, m'emportant sur sa vague, s'est tarie. Mais un livre avait
été écrit, et j'étais devenu, pour moi en tout cas, un écrivain.
La
distance entre l'écrivain et son matériau s'est creusée dans les deux
livres suivants ; la vision était plus large. Puis l'intuition m'a conduit à
entreprendre un gros volume sur notre vie familiale. Mon ambition d'écrivain
grandissait. Mais quand il a été terminé, j'ai eu le sentiment que j'avais
tiré tout ce que je pouvais de mon île. J'avais beau réfléchir, aucune
autre histoire ne me venait.
Le
hasard, alors, est venu à mon secours. Je suis devenu voyageur. J'ai voyagé
aux Antilles et j'ai bien mieux compris le mécanisme colonial dont j'avais
fait partie. Je suis allé en Inde, la patrie de mes ancêtres, pendant un an
; ce voyage a brisé ma vie en deux. Les livres que j'ai écrits sur ces deux
voyages m'ont hissé vers de nouveaux domaines d'émotion, m'ont donné une
vision du monde que je n'avais jamais eue, m'ont élargi techniquement. Le
roman qui m'est venu ensuite m'a permis de cerner l'Angleterre en même temps
que les Antilles – et que ce fut difficile ! J'y suis également parvenu à
appréhender tous les groupes raciaux de l'île, ce que je n'avais jamais
encore pu faire.
Ce
nouveau roman parlait de la culpabilité et des phantasmes coloniaux, de la façon,
en fait, dont les faibles mentent sur eux-mêmes et se mentent à eux-mêmes,
puisque c'est leur seule ressource. Intitulé The Mimic Men ("Les
Imitateurs"), ce livre évoquait les hommes des colonies qui singent la
condition d'adultes, ces hommes qui ont fini par n'avoir plus confiance en
rien qui les concerne. On m'a lu quelques pages de ce livre l'autre jour –
je ne l'avais pas ouvert depuis plus de trente ans – et j'ai compris que
j'avais écrit de la schizophrénie coloniale. Mais je ne m'en étais pas
rendu compte alors. Je ne me suis jamais servi de mots abstraits pour décrire
aucun de mes projets littéraires. Sinon, je ne serais jamais arrivé à faire
ce livre. Il a été écrit intuitivement, et seulement à partir de
l'observation la plus minutieuse.
J'ai
présenté cette brève description de mes débuts littéraires pour essayer
de montrer par quelles étapes, en tout juste dix ans, le lieu de ma naissance
s'est transformé ou développé dans mon écriture : de la comédie de la vie
de la rue à une étude d'une sorte de schizophrénie générale. Ce qui était
simple était devenu compliqué.
Ce
sont la fiction et le récit de voyage qui m'ont donné ma manière de voir ;
et vous ne vous étonnerez pas que pour moi toutes les formes littéraires
aient valeur égale. J'ai compris, par exemple, en entreprenant mon troisième
livre sur l'Inde – vingt-six ans après le premier – que le plus important
dans un récit de voyage ce sont les gens parmi lesquels se promène l'écrivain.
Il faut que les gens se définissent eux-mêmes. Idée fort simple, mais qui
exigeait une nouvelle forme de livre, une nouvelle manière de voyager. Et
c'est la même méthode dont je me suis servi ensuite, lorsque je suis allé,
pour la deuxième fois, dans le monde musulman.
Je
suis toujours mû par la seule intuition. Je n'ai pas de système, littéraire
ou politique. Je n'ai pas de principe politique directeur. Sans doute à cause
de mon ascendance. L'écrivain indien R. K. Narayan, mort cette année,
n'avait pas d'idées politiques. Mon père, qui écrivait ses histoires à une
époque très sombre, et sans la moindre récompense, non plus. Peut-être
parce que nous sommes restés loin de l'autorité pendant des siècles. Cela
nous donne un point de vue particulier. J'ai le sentiment que nous sommes plus
enclins à voir l'humour et la pitié des choses.
Il
y a près de trente ans, je suis allé en Argentine. C'était l’époque de
la guerilla. Les gens attendaient le retour d'exil de l'ancien dictateur Perón.
Le pays débordait de haine. Les péronistes attendaient de régler de vieux
comptes. L'un d'eux m'a dit : "Il y a une bonne torture et une mauvaise
torture." La bonne torture était ce que vous faisiez aux ennemis du
peuple. La mauvaise ce que vous faisaient les ennemis du peuple. Les gens de
l'autre côté disaient la même chose. Aucun débat véritable sur quoi que
ce soit. Il n'y avait que la passion et le jargon politique emprunté à
l'Europe. "Là où", écrivais-je, "le jargon transforme les
problèmes vivants en abstractions, et où les jargons finissent par
s'affronter, les gens n'ont pas de causes. Ils n'ont que des ennemis." Et
les passions continuent de se donner libre cours en Argentine, anéantissant
toute raison et détruisant des vies. Aucune solution n'est en vue.
J'approche
maintenant de la fin de mon travail. Je suis heureux d'avoir fait ce que j'ai
fait, heureux de m'être avancé dans la création aussi loin que j'ai pu. Grâce
à la manière intuitive dont j'écris, et aussi à la nature déconcertante
de mon matériau, chaque livre s'est révélé une bénédiction. Chaque livre
m'a éberlué ; jusqu'au moment d'écrire je ne savais jamais qu'il était là.
Mais le plus grand miracle pour moi c'était de commencer. J'ai le sentiment
– et l'angoisse est toujours présente pour moi – que j'aurais aisément
pu échouer avant d'avoir commencé.
Je
vais finir comme j'ai débuté, par l'un de ces merveilleux essais de Proust
dans Contre Sainte-Beuve : "Les belles choses que nous écrirons
si nous avons du talent sont en nous, indistinctes, comme le souvenir d'un
air, qui nous charme sans que nous puissions en retrouver le contour [...].
Ceux qui sont hantés de ce souvenir confus des vérités qu'ils n'ont jamais
connues sont les hommes qui sont doués. [...] Le talent est comme une sorte
de mémoire qui leur permettra de finir par rapprocher d'eux cette musique
confuse, de l'entendre clairement, de la noter [...]."
Le
talent, dit Proust. Je dirais la chance, et beaucoup de travail.
Traduction:
Philippe Delamare
Notice
bio-bibliographique
L'écrivain britannique, né en Trinidad, V(idiadhar)
S(urajprasad) Naipaul est né en 1932 à Chaguanas, près de Port of Spain
à Trinidad, dans une famille de descendants d'immigrants originaires du nord
de l'Inde. Son grand-père était coupeur de canne, son père journaliste et
écrivain. À l'âge de 18 ans, Naipaul se rend en Angleterre où il obtient
une licence ès lettres en 1953, après des études au University College
d'Oxford. Depuis, il réside en Angleterre (à Wiltshire près de Stonehenge,
depuis les années 70) mais il consacre aussi beaucoup de temps à des voyages
en Asie, en Afrique et en Amérique. À l'exception de quelques années au
milieu des années 50 où il est journaliste free-lance pour la BBC, il
s'adonne entièrement à son métier d'écrivain.
Les romans et nouvelles constituent la majeure partie de sa production mais il
publie aussi des récits documentaires. Naipaul est un écrivain vraiment
cosmopolite, ce qu'il explique par son manque de racines : la pauvreté
culturelle et spirituelle de Trinidad l'afflige, l'Inde lui est devenue étrangère et
il lui est impossible d'adhérer aux valeurs traditionnelles de l'ancienne
puissance coloniale anglaise.
L'action de ses premiers romans se déroule dans un cadre antillais. Quelques
années après la parution de son premier roman Le Masseur mystique (The
Mystic Masseur, 1957), Naipaul publie une œuvre considérée par de
nombreux critiques comme l'une de ses meilleures : le roman biographique Une
maison pour Monsieur Biswas (A House for Mr. Biswas, 1961) où le
protagoniste emprunte les traits du père de l'écrivain.
Après l'énorme succès d'Une maison pour Monsieur Biswas, Naipaul étend
les perspectives géographiques et sociales de son activité littéraire. Il
traite avec un pessimisme grandissant les effets pervers du colonialisme et du
nouveau nationalisme dans le Tiers-Monde, dans, par exemple, Guérilleros
(Guerillas, 1975) et À la courbe du fleuve (A Bend in the
River, 1979). Les critiques ont comparé ce dernier roman planté dans un
cadre africain à Au cœur de la nuit de Joseph Conrad.
Dans ses récits de voyage et ses documentaires, Naipaul relate ses
impressions d'Inde, pays natal de ses parents, dans, par exemple, L'Inde :
un million de révoltes (India : A Million Mutinies Now, 1990)
et donne également une analyse critique de l'intégrisme musulman dans les
pays non arabes tels que l'Indonésie, l'Iran, la Malaisie et le Pakistan dans
Crépuscule sur l'Islam (Among the Believers, 1981) et dans Jusqu'au
bout de la foi (Beyond Belief, 1998).
Les romans L'énigme de l'arrivée (The Enigma of Arrival, 1987)
et Un chemin dans le monde (A Way in the World, 1994) sont
largement autobiographiques. Dans L'énigme de l'arrivée, l'écrivain
raconte comment un domaine du sud de l'Angleterre et son propriétaire, après
une carrière coloniale et souffrant d'une dégénérescence, déclinent
lentement vers l'anéantissement final. Récit mêlant fiction, mémoires et
narration historique, Un chemin dans le monde comprend neuf
nouvelles indépendantes mais partageant une thématique où les traditions
antillaises et indiennes se fondent avec la culture que découvre l'auteur
quand il s'installe en Angleterre à l'âge de 18 ans.
V.S. Naipaul reçut plusieurs prix littéraires, dont le prix Booker en 1971
et le T.S. Eliot Award for Creative Writing en 1986. Docteur honoris causa au
St Andrew's College, à Columbia University, aux universités de Cambridge, de
Londres et d'Oxford, il fut anobli par la reine Elisabeth en 1990.
Œuvres de V.S. Naipaul en français:
|
Une
maison pour Monsieur Biswas. Trad. Louise
Servicen. Paris: Gallimard, 1964.
|
Un
drapeau sur l'île. Trad. Pauline
Verdun. Paris: Gallimard, 1971.
|
Crépuscule
sur l'islam : voyage au pays des croyants.
Trad. Natalie Zimmermann et Lorris Murail. Paris: A. Michel, 1981.
|
Guérilleros.
Trad. Annie Saumont... Paris: France loisirs, 1981.
|
À
la courbe du fleuve. Trad. Gérard
Clarence. Paris: A. Michel, 1982.
|
Dis-moi
qui tuer. Trad. Annie Saumont. Paris: A.
Michel, 1983.
|
Mr.
Stone. Trad. Annie Saumont. Paris: A.
Michel, 1985.
|
L'Inde
brisée. Trad. Bernard Géniès. Paris: C.
Bourgois, 1989.
|
L'énigme
de l'arrivée. Trad. Suzanne Mayoux. Paris: C.
Bourgois, 1991.
|
L'Inde
: un million de révoltes. Trad. Béatrice
Vierne. Paris: Plon, 1992.
|
Le
masseur mystique. Trad. Marie-Lise Marlière.
Paris: UGE, 1994.
|
Miguel
street. Trad. Pauline Verdun. Paris: UGE,
1994.
|
Un
chemin dans le monde. Trad. Suzanne
Mayoux. Paris: Plon, 1995.
|
Dans
un état libre. Trad. Annie Saumont. Paris:
10-18, 1998.
|
Jusqu'au
bout de la foi. Trad. Philippe Delamare. Paris:
Plon, 1998.
|
|
Littérature:
|
Theroux,
Paul, V.S. Naipaul : an introduction to his work. London:
Deutsch, 1972.
|
Hamner,
Robert, V.S. Naipaul. New York: Twayne, 1973.
|
Critical
perspectives on V.S. Naipaul. Ed. Robert D.
Hamner. London: Heinemann, 1979.
|
Nightingale,
Peggy, Journey through darkness : the writing of V.S. Naipaul.
St. Lucia: Univ. of Queensland Press, 1987.
|
Hughes,
Peter, V.S. Naipaul. London: Routledge, 1988.
|
Jarvis,
Kelvin, V.S. Naipaul : a selective bibliography with annotations,
1957–1987. Metuchen, N. J.: Scarecrow, 1989.
|
Kelly,
Richard, V.S. Naipaul. New York: Continuum, 1989.
|
Weiss,
Timothy F., On the margins : the art of exile in V.S. Naipaul.
Amherst: Univ. of Massachusetts Press, 1992.
|
Dissanayake,
Wimal, Self and colonial desire : travel writings of V.S. Naipaul.
New York: P. Lang, 1993.
|
Pachet,
Pierre, Un à un : de l'individualisme en littérature, Michaux,
Naipaul, Rushdie. Paris: Seuil, 1993.
|
King,
Bruce, V.S. Naipaul. Basingstoke: Macmillan, 1993.
|
Levy,
Judith, V.S. Naipaul : displacement and autobiography. New York:
Garland, 1995.
|
Conversations
with V.S. Naipaul. Ed. Feroza
Jussawalla. Jackson: Univ. Press of Mississippi, 1997.
|
Khan,
Akhtar Jamal, V.S. Naipaul : a critical study. New Delhi:
Creative Books, 1998.
|
Theroux,
Paul, Sir Vidia's shadow : a friendship across five continents.
Boston: Houghton Mifflin, 1998.
|
Académie
Suédoise