Marina Nicolaev
entretien avec la solitude
j’écrase ses lettres dans le vent
pour oublier
la semaine d’automne bleu
où macère lentement le silence
des pierres
l'une contre l’autre dans mon âme
peut-être suis-je moi-même
ce contraste mimant la solitude
entre lumière et péché
après l’orage de toute ma vie
dans l’œil d’eau oublié au désert
c'est le même florilège
derrière ces choses
écrites sur les larmes de mon
ange
qui meurt un autre jour
tant qu'il aura le cœur sur la
main
telle une plume
tombée devant la bastide des
ombres
d'après son battement d’ailes
tu reconnaîtras ma solitude
de temps en temps
une licorne aveugle se réveille
en moi
seul
le bon Dieu sait pourquoi et me
le dira
sables mouvants
(Don’t Talk to Strangers)
si les dunes bougent comme des
oiseaux blessés
l’écho fleurira la tendresse des
bois en hiver
en plein cœur du désert le sphinx
pleure sans voix
ses âmes perdues à travers le
temps
me retrouvai-je un jour quelque
part
où les vivants ne pardonnent pas
les eaux profondes restent
muettes de solitude
comme le sommeil d’une goutte
d’eau
mon âme étrange vient se loger
dans une autre
miroir de sable
perdant ses miracles
le son du tambour veille
ce fleuve d’oubli ouvrant à
l’éclat de lune
les livres anciens des
métamorphoses
j’étais derrière la réalité de la
Révélation
quand on part, on laisse tout
moi, le dernier marchand de sable
tant qu’il y aura des ailes
enfin je connais
la face cachée de la seconde
tandis que j’étais derrière lui
quand j’ai connu la perte d'un
proche
tandis qu’il y a une autre guerre
vouloir - être - ensemble
ni haine ni pardon entre nous
jamais la banalisation du mal
seulement
le temps et ses ailes
la mémoire des témoins au-dessous
des dunes de sable avant l’aube
hors de l’échelle comme les
porteurs d’eau dans le désert
rêvant des fleurs de la solitude
d’une apprentie sans âge
tu as besoin d'un seul mot
d’amour par jour pour vivre mieux
me disait-il parfois
tant qu’il y aura des ailes.
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