Pierre Corbucci

 

Salon

 

Je n’aime rien tant que ces heures

Où je marche dans les villes

Des hommes

Quand eux y n’y vont plus

Ma solitude alors me ramène

A ces temps reculés où je comptais si peu

Je ne savais alors ni le Bien ni le Mal et tous les noms de Dieu

Où la ville et les hommes ont tantôt disparus

Et rien ne reste au ciel

Ni bruits ni heurts ni rien

Juste moi et le ciel, l’asphalte et la lumière

Mon avion tout là-haut voit encore le soleil

Dieu que cette femme est belle...

Je suis dans le sursis d’une vie morne et pleine

Et la ville et les hommes ne m’ont jamais appris

Ma solitude est belle mais te dire que je l’aime serait mentir aussi

Dieu que cette femme est belle...

De mes doigts d’encre et de tristesse,

Je ne cours plus les villes on m’a donné un toit

Et un bel uniforme où ma pucelle brille

J’écoute les avions

Ma fenêtre qui s’ouvre sur un chant de crapauds et un hôtel de passe en abord d’autoroute quand l’homme d’affaires pressé, marié, et père de cinq enfants,

Se repose un instant

Je ne cours plus les villes on m’a donné un toit

Et un bel uniforme un calot des chaussures

Me voilà militaire

Il n’y a rien ici que le bruit des avions

Et cette femme que j’aime                                                                                 aussi, certainement.

Un vieil arbre moussu qui pleure lentement

Mes amis qui m’attendent

 

Je ne veux pas rentrer c’est elle que je veux

J’ai déjà si peur

Où donc es-Tu ?

Où donc es-Tu si ce n’est ici ?

Salon de Provence - Saint Laurent du Var

Octobre 1996-janvier 1997

 

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